Le sport, facteur indispensable au sommeil

Le physiologiste François Bieuzen, expert sur la récupération dans le sport, affirme qu’une activité physique entraîne « une fatigue saine : l’endormissement survient plus vite, avec moins de micro-réveils nocturnes. Le sport accentue la profondeur du sommeil ».

Mais alors, comment le sport favorise-t-il un sommeil réparateur ?

Le rythme veille-sommeil, également appelé rythme circadien, est conditionné par l’horloge interne. Ce rythme se traduit par un changement de la température du cerveau au cours de la journée : la température augmente le matin lorsque vous vous éveillez et baisse le soir au moment où la fatigue se fait ressentir. Or, la pratique d’une activité physique va déclencher un réchauffement du corps et donc influencer l’horloge interne.

En effet, le sport va provoquer un pic de chaleur corporelle ce qui va se traduire par un sentiment de plein éveil. Mais paradoxalement cela va, par effet de rebond, permettre un refroidissement progressif du corps, idéal pour l’endormissement.

Le sport va également avoir un impact sur la qualité du sommeil, et notamment sur la durée du sommeil lent profond. Pour rappel, le sommeil lent profond correspond au cycle réparateur, celui où vous récupérez de la fatigue physique et psychique accumulée au cours de la journée. La pratique d’un entrainement physique intense va permettre de rentrer plus facilement dans cette phase de sommeil, à condition qu’il ne soit pas réalisé trop tard dans la journée.

Comment le sommeil influence-t-il les performances sportives ?

Inversement, le sommeil va exercer un rôle positif quant à vos performances sportives. En effet, un sommeil de mauvaise qualité va générer une sensation de fatigue et provoquer ainsi des dommages musculaires, courbatures et douleurs. Le sommeil constitue ainsi un des piliers de la récupération sportive car il participe à la reconstruction et au développement musculaire.

Un sommeil de qualité est nécessaire pour la consolidation de l’apprentissage technique. C’est effectivement durant la phase de sommeil profond que le cerveau va trier les informations de la journée et favoriser l’apprentissage.

Un manque de sommeil peut sur le long terme altérer les performances psychologiques et psychomotrices en réduisant l’attention, la motivation et le temps de réaction. Les défenses immunitaires peuvent également fragilisées ce qui peut accroître le risque de blessures. En effet, Renaud Longuèvre, ancien entraîneur de l’équipe de France d’athlétisme affirme que « l’effort crée des lyses musculaires, c’est-à-dire que la fibre musculaire est déchirée. Or, la cicatrisation musculaire et hormonale se fait dans la phase de sommeil profond. Un athlète qui ne dort pas bien est un athlète qui va récupérer plus lentement. »

Interview du judoka Romain Recresio

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Romain Recrosio, judoka et champion universitaire en 2016 nous confie son expérience sur le sommeil dans sa vie de sportif de haut niveau.

Comment gérer son sommeil dans le milieu sportif ?

En période de compétitions, nous pouvons avoir jusqu’à 3 entrainements intensifs par jour. Il est donc primordial de bien équilibrer son sommeil pour tenir physiquement et mentalement.

Le sport de haut niveau demande énormément de concentration, et ceci dépend de la qualité du sommeil.  Pour un sommeil réparateur, j’écoute mon corps et attends ma porte de sommeil pour aller dormir, qui se caractérise par des signes de fatigue comme les bâillements.

Quels sont les impacts d’une mauvaise nuit de sommeil ?

Après une mauvaise nuit, je sens mon corps moins performant et je suis moins concentré. Le risque de se blesser lors d’un combat est alors plus élevé pour ces deux raisons. Le judo est un sport d’impact, de contact, et le sommeil profond permet de réparer les fibres musculaires. Le sommeil apparait ainsi comme un véritable anti-inflammatoire.

La gestion du stress suite à une mauvaise nuit est également plus difficile et l’humeur est souvent mauvaise. Un sommeil de qualité me permet d’être plus performant et à l’inverse la pratique du sport m’aide à m’endormir plus facilement. C’est un vrai cercle vertueux !

Ainsi, afin de compenser un manque de sommeil occasionnel, j’opte pour une courte sieste en début d’après-midi. Ce temps de repos d’une vingtaine de minutes me permet d’être plus éveillé et concentré pendant mes entrainements.

 

SIMMONS, DEMAIN COMMENCE CETTE NUIT.

Publié dans: La science du sommeil